« J’avais prévu tous les scénarios, sauf celui de la baisse continue de mon chiffre d’affaires. » Trois ans après le rachat d’une petite officine en première couronne à haut pouvoir d'achat, le constat est pourtant là, cruel, avec des résultats en chute libre, malgré un investissement continu. Maladresses dans l’approche du client, sous-estimation de la partie administrative et logistique, manque d’intérêt pour ce métier plus tourné vers la gestion du détail que vers la gestion de projets... Le bilan est sans concessions. Rien dans le rôle de titulaire ne l'a convaincu. Ni les tâches administratives – « du secrétariat » –, ni l’aspect comptoir – «des tâches automatiques, répétitives, du rangement, de la vérification de stock... ». Le fameux contact privilégié avec sa clientèle ? Un leurre, selon elle. «Dans les grandes ville, les gens n’ont pas d’échange intéressant avec les commerçants, pas plus avec leur pharmacien. » Ses dix-sept ans d’expérience dans l’industrie pharmaceutique ne l’avaient pas préparée à cette déconfiture. Coiffée d’une double casquette de docteur en pharmacie option industrie et d’un troisième cycle d’une école de commerce, elle a enchaîné des missions dans différents laboratoires, en marketing et en communication, en France et à l’International. Mais l’arrivée de quatre enfants en six ans a progressivement compliqué la donne. Face aux obstacles rencontrés, celle qui dit avoir « aimé passionnément son métier » se met à envisager une reconversion. En juin 2002, elle prend la tangente, direction l’officine, où elle effectue un remplacement de quatre mois. Dans la foulée, elle entend parler de la mise en vente d’une petite officine à ...., à proximité de chez elle, qu’elle rachète en avril 2003. « Je souhaitais devenir entrepreneur, pouvoir gérer ma famille en parallèle et éventuellement racheter plus grand après. » La désillusion sera de taille. « J’avais l’impression que ce métier se résumait à de la distribution de médicaments et qu’il fallait adopter un langage simpliste avec les clients et avant tout se débrouiller pour qu’ils n’aient rien à payer. Mais surtout, j’avais le sentiment de n’être pas faite pour ça du tout ! » Son expérience en tant qu’adjointe ne lui avait pas permis de mesurer l’ampleur des tâches administratives, de classement, de rangement et de vérification qui l’attendaient, une fois installée à son compte. « Pendant un an, j’ai travaillé cent heures pas semaine », le temps de se familiariser avec ce nouveau métier. Mais rien n’y a fait. A 45 ans, elle n’a plus qu’une idée en tête : retourner dans l’industrie. A tel point qu’en septembre dernier, elle a mis en vente à 450 000 euros son officine qu’elle avait achetée 630 000 euros deux ans et demi auparavant.
Que retiendra t-on des années 2000 pour l'Officine ?
El Gringo
Message édité par : ElGringo / 20-12-2009 15:52