@chirdent voici la derniere enquete sur les salaires pratiqués en officine , elle date , une autre est en cours en ce moment même .
"Pénurie d’adjoints moins criante, préparateurs plus nombreux sur le marché de l’emploi, politique salariale davantage maîtrisée par les titulaires : de nombreux facteurs concourent à une certaine contraction des salaires du personnel en officine. Enquête sur les salaires réellement versés pour les salariés de l’équipe officinale en 2005, à Paris et en province.
IL Y A ENCORE DEUX ANS, la pénurie d’adjoints et de préparateurs avait fait sensiblement monter les salaires du personnel en officine, obligeant les titulaires à accepter, souvent, des rémunérations plus élevées que celles qu’ils auraient voulu verser. En 2005, comme le montre notamment l’étude statistique que vient de publier l’Unpf (Union nationale des pharmacies de France)*, l’évolution des rémunérations semble contenue : les salaires moyens pratiqués dans les officines sont dans l’ensemble assez proches des minima fixés par la grille des salaires de la convention collective.
La pénurie de personnel – surtout pour les préparateurs – étant moins forte et les perspectives économiques de l’officine demeurant incertaines, la masse salariale de l’officine semble bien maîtrisée et les salaires versés désormais « raisonnables ». Il n’en reste pas moins que les niveaux de rémunération restent très épars : à qualification, responsabilité et ancienneté égales, un pharmacien, ou un préparateur, est mieux rémunéré, en salaire horaire, en intérim ou en contrat à durée déterminée qu’en contrat à durée indéterminée. Les salaires horaires de l’intérim étant souvent un peu supérieurs à ceux des salariés en CDD. De même encore, les salaires versés en région parisienne, sur la Côte d’Azur ou à Lyon sont supérieurs à ceux que l’on peut observer dans les zones rurales, du moins pour les missions d’intérim ou les CDD – la différence étant plus faible pour les CDI.
Adjoints payés à la grille. En 2004, la masse salariale de l’ensemble des officines avait augmenté de 5 à 10 %, selon les sources, avec une relative stabilité du nombre de salariés. En 2005, la valeur du point de la convention collective a été revalorisée deux fois, en janvier et en juillet, soit une hausse totale de 4,01 %. Pour 2005, l’augmentation de la masse salariale des officines ne devrait donc pas être inférieure à ce chiffre. Sur les dix dernières années, d’ailleurs, les frais de personnel, comme l’ont souligné les dernières enquêtes statistiques de Fiducial, sont stables en valeur relative, les deux tiers des officines ayant un ratio de frais salariaux inférieur à 10 % du chiffre d’affaires hors taxes et un tiers seulement, un ratio supérieur à 10 %.
Dans ce contexte de relative stabilité, le salaire horaire moyen versé en 2005 aux adjoints, selon l’enquête de l’Unpf, est de 19,82 euros de l’heure, soit 3 000 euros bruts par mois pour un travail à plein temps de 151,67 heures mensuelles. Mais, toujours selon cette enquête, les pharmaciens adjoints sont majoritairement rémunérés au tarif de la grille de la convention collective et bénéficient pour la moitié d’entre eux du coefficient 500 (le tarif conventionnel au coefficient 500 est de 18,66 euros de l’heure et le tarif horaire moyen pratiqué à ce coefficient est de 19,56 euros). D’après l’Unpf, les pharmaciens salariés rémunérés d’après la grille conventionnelle perçoivent donc en moyenne un salaire supérieur de 6 % environ au tarif conventionnel du coefficient 500. Mais pour ceux qui ne sont pas payés d’après la grille, la dispersion des salaires pour un coefficient donné est beaucoup plus grande.
A noter également que l’ancienneté moyenne des adjoints est de six ans, qu’il y a 1,57 pharmacien adjoint par officine et que 60 % de ces salariés travaillent à temps plein. «Le nombre de temps partiels a diminué depuis que l’officine est passé de 39 à 35heures», fait-on remarquer à l’Unpf. Il n’y a donc plus de lien direct entre la rémunération et la durée du travail.
Pour les préparateurs, la dispersion des salaires est beaucoup plus importante que pour les pharmaciens. D’abord, les coefficients de la grille conventionnelle ne sont souvent pas respectés : on emploie parfois un préparateur à un coefficient qui n’existe pas pour lui. Ensuite, et à l’exception du coefficient 260 (9,70 euros bruts de l’heure dans la grille, 10,65 euros en moyenne), les préparateurs sont dans leur grande majorité rémunérés au-dessus des minima conventionnels : le décalage entre les salaires effectivement versés et les minima de la grille est donc important. Selon les circonstances, certains préparateurs peuvent même être payés 20 ou 25 euros bruts de l’heure (soit 3 000 ou 3 800 euros bruts par mois).
Toujours selon l’Unpf, le salaire horaire brut moyen d’un préparateur s’établit toutefois à 11,15 euros en 2005, c’est-à-dire près de 1 700 euros par mois pour un temps plein. La grande majorité des préparateurs travaillent d’ail-leurs à plein temps puisqu’ils sont moins de 30 % à travailler moins de 35 heures par semaine. Rappelons aussi que près de 80 % des préparateurs sont des préparatrices.
Pour les autres salariés de l’officine, tels que les employés avec CAP ou mention complémentaire, les employés administratifs, les vendeurs spécialisés ou les fem-mes de ménage, la gamme des rémunérations est cette fois très large, les salaires moyens étant très souvent supérieurs aux minima conventionnels. On peut, par exemple, payer une diététicienne très cher si elle effectue beaucoup de ventes.
Dans tous les cas, que ce soit pour les adjoints, les préparateurs ou les employés, il y a deux façons au moins de rémunérer un salarié au-dessus des minima prévus par la grille conventionnelle : soit en le payant à un salaire supérieur à celui prévu par son coefficient, soit en le payant à un coefficient qui n’est pas le sien. De nombreux adjoints, notamment, sont rémunérés au coefficient 600 (près de 3 400 euros bruts mensuels pour un plein temps au tarif conventionnel), alors que leur qualification correspond en réalité au coefficient 500 (2 830 euros bruts mensuels dans la grille) : c’est une autre façon pour le titulaire de payer un salaire réel plus élevé que celui de la grille. Sans compter, bien sûr, ceux qui utilisent des coefficients qui n’existent pas dans la grille, comme 450, 550 ou 650 pour les adjoints.
Les missions plus chères ? Mais sans exception, il n’y aurait pas de moyennes. Or ce qui vaut pour l’ensemble des salariés, tous contrats de travail confondus, n’est pas forcément valable pour certains, et notamment ceux effectuant des CDD ou des missions d’intérim. Quand il a besoin d’un adjoint ou d’une préparatrice en remplacement ou de façon urgente, le titulaire paiera naturellement un peu plus cher, mais tout de même pas au même montant selon que l’officine est dans une grande ville ou non.
«Les pharmaciens adjoints débutants, c’est-à-dire un ou deux ans après l’obtention de leur diplôme, sont rémunérés au moins au coefficient 500. Lorsqu’ils sont bons et, après cinq ans d’expérience, ils sont payés au coefficient 600. Mais à ce coefficient, l’adjoint doit être parfaitement autonome, pouvoir travailler le samedi et faire les fermetures», explique Armand Grémeaux, responsable de Pharm-Emploi, un cabinet de recrutement spécialisé dans les contrats à durée indéterminée et déterminée en région parisienne.
Jusqu’à 600 pour un très bon adjoint, mais plutôt hors Paris, selon Armand Grémeaux : la plupart des adjoints de la région Ile-de-France cherchent un poste à Paris intra-muros et rechignent à aller en banlieue. Pour Paris, les titulaires peuvent donc plus facilement faire jouer la concurrence. Toujours en région parisienne, certains adjoints trouvent aussi un poste au coefficient 700, voire 800, lorsque le contrat est très court. «A ce montant-là, le CDD dépasse rarement une semaine. Mais certains titulaires acceptent de payer un adjoint à ces coefficients pour des raisons de convenance, par exemple les jours de pont pour prendre un congé», poursuit Armand Grémeaux. Mais comme l’observe Betty Guélénnoc, responsable de l’agence d’intérim Pharm’Appel de Paris, «les salaires moyens ont tout de même un peu baissé en 2005 après la forte hausse de 2004, à la fois pour les adjoints, mais surtout pour les préparateurs. Il n’est pas rare aujourd’hui que les adjoints qui voulaient être engagés au coefficient 600 acceptent maintenant le coefficient 500».
En région parisienne, toujours, la situation pour les préparateurs effectuant des CDD ou des CDI est radicalement différente. Parlant le plus souvent en « salaire net mensuel », ils demandent en général 1 500 euros par mois. Mais le nombre de brevets professionnels sortis en septembre 2005 étant plus élevé que les années précédentes, les exigences sont moins fortes. Nombre de préparateurs en début de carrière exigent donc plutôt désormais un salaire net mensuel de 1 400 euros pour un temps plein. Mais s’ils ont un peu d’expérience, ou s’ils savent faire des ventes associées à celles du médicament, de nombreux titulaires leur versent jusqu’à 1 600 ou même 1 700 euros nets par mois. Un préparateur qui a vingt ans de métier derrière lui peut aller jusqu’à 1 800 euros nets. Le titulaire paie alors une compétence personnelle, totalement hors grille.
Quel que soit le poste occupé dans l’officine ou le profil du salarié, les salaires en région parisienne sont en tout cas supérieurs à ceux de la province – hors grandes villes – d’environ 15 ou 20 %, selon les professionnels du recrutement. «Les adjoints sont engagés en moyenne au coefficient 500 en début de carrière et au coefficient 550 avec de l’expérience. Il y a très peu de salaires au-dessus du coefficient 550, et nous sommes donc près des tarifs de la grille conventionnelle», indique Agnès Cercus, de l’agence Pharm’Appel, à Lyon.
Au total, que ce soit en province ou en région parisienne, un pharmacien adjoint demandant à être engagé au coefficient 500 est devenu une perle rare, même s’il peut, au final, être payé à ce prix. Quant aux préparateurs, leur grand nombre sur le marché de l’emploi ne joue pas en leur faveur et explique une certaine contraction de leurs salaires depuis quelques mois. «Les candidats se sont remis en question. Les titulaires sont devenus plus fermes et n’acceptent plus de payer un préparateur débutant au coefficient 300», explique Betty Guélénnoc.
S’il est rare que les intérêts des employeurs et des salariés coïncident toujours au même moment, la bonne nouvelle pour tous reste la relative bonne santé du marché de l’emploi en officine, puisqu’il existe un relatif équili-bre entre les demandes et les offres"