Citation : pharma-espoir
. Notre monopole, est justifié par un intérêt de santé publique : le quorum est là pour assurer un service homogène sur le territoire, et le monopole des pharmaciens pour assurer la qualité des délivrances des médicaments.
Le quorum géodémographique en pharmacie, instauré par le régime de Vichy en 1941, n'avait pas pour but premier une bonne répartition homogène, mais de moraliser la profession en assurant à chaque pharmacien une zone de chalandise suffisante pour éviter des pratiques agressives commerciales contraires à la déontologie et promouvoir ainsi un exercice serein de la pharmacie (avec cependant la notion sous-jacente que la concurrence n'est pas bonne pour la pharmacie...) . La justification de répartition géographique homogène, validée par la cour de justice européenne, est venue plus tard...
Quant au monopole des pharmaciens, il n'est remis en fait en cause par personne...La remise en cause concerne le monopole officinal (vente des médicaments réservée à l'officine physique), et non celui du pharmacien (dispensation du médicament par un pharmacien diplômé, dans le cadre d'une officine ou d'une autre structure...)
En fait, que l'on veuille ou non, le système officinal français passe pour beaucoup comme un paradigme de la rente de situation (voir à ce sujet les derniers commentaires de Christian Noyer, directeur de la banque de France)... Bien évidemment, les situations et les implications sont cependant en réalité complexes, en officine comme pour les taxis, en raison notamment des valeurs importantes des licences (pour le taxi ou la pharmacie). A l'injustice d'une libéralisation sauvage, qui mettrait en difficulté tout ceux qui se sont lourdement endettés pour acheter une licence de pharmacie ou de taxi, répond l'injustice d'un système très français qui promeut une certaine forme de rente ...A cet égard, la défense des taxis met en avant les difficultés réelles du petit artisan-taxi, sans parler des mastodontes du système (G7 et autres...) qui sont les principaux "profiteurs" du système... La pharmacie met aussi en avant le (petit) pharmacien rural qui ne s'en sort plus, en faisant l'impasse sur les prix de cession pharaoniques de certaines pharmacies bien situées commercialement, parfois au coeur de gros bourgs ruraux...
Pour terminer, je souhaite citer en partie un récent éditorial de Favilla dans le quotidien économique "Les Echos" du 12 Février dernier, intitulé "la bureaucratie de marché":
" En 1959, le comité Rueff-Armand, dans son rapport sur les « obstacles à l'expansion économique » de la France, relevait les excès de réglementation. Il préconisait notamment la libéralisation de diverses « professions réglementées », au nombre desquelles, déjà, les taxis. Inappliquées, ces suggestions étaient reprises cinquante ans plus tard par la commission Attali, sans que Sarkozy ne les suivît lui non plus. C'est dire l'inertie de cette question.
Elle s'est renforcée au fil du temps. La réglementation visait à l'origine à moraliser la profession (dès 1657 et l'apparition des fiacres sous Louis XIV), en posant les conditions indiscutables à son exercice (qualification, déontologie), attestées par une habilitation ad hoc. Celle-ci, devenue cessible, a pris ensuite naturel-lement une valeur. Ses détenteurs ont alors eu tendance au fil du temps à la protéger en restreignant l'accès de nouveaux entrants. Voilà comment les Républiques ont restauré la vénalité des charges d'antan. Et comment le régime des taxis et ses pareils sont nés de l'accouplement monstrueux de la bureaucratie et de l'économie de marché."
Le parallèle possible avec la pharmacie suscitera sans doute beaucoup de critiques, mais n'est-il pas tentant? Ne parle-t-on pas dans les deux cas de licence d'exploitation, consentie par l'état, mais ensuite cessible? N'est ce pas là un des problèmes, non la limitation pour permettre un exercice harmonieux et bien réparti, mais le commerce de cette autorisation, c'est à dire comme l'a indiqué Favilla "la bureaucratie de marché?".