Bonjour à tous,
mon expérience est peut-être atypique. Gérante avant mon diplôme (pharmacie de mon père, atteint d'un cancer) j'ai vécu pendant 7 ans dans la peau d'un titulaire, j'ai embauché plusieurs employés, fait remonter l'officine(délaissée par la maladie de mon père) puis je suis passée de l'autre côté. Vendu la pharma, partie à l'étranger, atterrie après des années de tournée, ici en France. Mes employées: deux magnifiques filles, sympathiques, généreuses, gentilles, soucieuses, une autre, co..e comme tout, qui disait s'ennuyer à mort dans le village (c'était pas la joie, je l'admets!)alors qu'elle été habituée aux tourbillons d'une localité de villégiature, et qui au comptoir et dans la délivrance s'est révélée un désastre!
Comme assistant et adjoint j'ai travaillé à peu près avec une dizaine de titulaires et c'est avec trois d'entre eux que j'ai trouvé mon bonheur.
Les défauts des autres? Il y en avait de malhonnêtes (ils pompaient les ordos pour donner un max de médicaments, faisaient des faux ou renouvelaient encore quand c'était fini, vendaient des psychotropes sans ordo, faisaient des preps interdites pour les sportifs, vendaient au noir) même si je ne me suis jamais mêlée à cela, en tant que remplaçante d'été ou pour cause de vacances et maladie.Il y en eu de très malpolis et franchement bêtes, qui se remplissaient la bouche avec la marge, le marketing, l'attitude à tenir au comptoir et qui après, se plantaient continuellement sur les commandes, se disputaient entre eux (deux associés pires que Laurel et Hardy)ou humiliaient leurs mêmes employés devant les clients. L'impression générale sur la catégorie n'est pas bonne (j'ai oublié de dire que j'ai fait partie pendant six ans du conseil de l'ordre en tant que représentante des pharmacies rurales) et si je doit tirer des conclusions je peux dire que le problème est plutôt dans l'ambiguïté de notre position de professionnels de Santé et petite entreprise. Qui comme moi a vécu la gestion sait que c'est lourd lourd de devoir penser à beaucoup de choses en même temps. Cela stresse beaucoup d'entre nous et fait souvent oublier qu'il y a les clients (souvent malades) et les employés qui ne comprennent pas comment cela marche s'ils ne sont pas impliqués dans la gestion eux-mêmes, et que le personnel au comptoir doit avoir le don de la patience et de la gentillesse que le titulaire n'a pas forcément ( dans un tel cas, s'abstenir svp!).
Maintenant les trois avec qui j'ai trouvé mon bonheur: la collègue qui m'a appris le boulot et auprès de qui j'ai travaillé presque deux ans avant de laisser mon Pays: honnête, respectueuse de l'autre (clients et collègues), compétente et humble, à l'écoute.
Un titulaire de plusieurs pharmacies en Angleterre qui avait la sagesse de ne pas se pointer au comptoir alors qu'il n'aimait que le business et qui pourtant respectait le personnel et cherchait de tenir compte des exigences de chacun (et on était une vingtaine au total).
(Il faut aussi dire qu'il y a des employés qui profitent d'un titulaire juste en étant malhonnêtes eux-même, j'en ai vu de voleurs, tricheurs et paresseux aussi)
Et comment disent les latins "dulcis in fundo" le mieux à la fin", les titulaires actuelles, des vraies pharmaciennes qui n'ont pas peur de rester au comptoir toute la journée, de prendre en charge des pathologies lourdes en en assurant le suivi de tout point de vue et jusqu'à la fin, qui ne veulent pas de A..i et de compléments alimentaires douteux dans leur officine, qui ne nous forcent pas à la "règle des trois".
Les problèmes ne manquent pas car l'économie de la pharma est de plus en plus érodée par l'amincissement de la marge et l'envie de prendre des risques diminue après 25 de travail mais on en parle, on est libre de dire ce que l'on pense, on a envie, du moins moi, de trouver des solutions, encourager à faire mieux, s'impliquer pour qu'un succès de l'officine soit un succès personnel et vice versa.
Bonne journée à tous.