Forum » » L'avenir du métier de pharmacien adjoint » » qu'est ce qu'un bon pharmacien ?
Posté : 08-10-2009 14:38
Caducette, ça me chagrine que tu penses que je puisse me présenter sous plusieurs pseudos. Je ne me suis jamais caché sur ce forum de ma véritable identité ni de mes engagements. Comme toi, je fais de l'honnêteté une de mes valeurs premières.
D'ailleurs, je constate à travers ton mail que nous partageons beaucoup de choses sur la façon d'exercer notre métier : la qualité de l'accueil, le goût du service, de l'explication, de l'accompagnement du patient, du respect et de l'honnêteté à son égard, de l'indépendance et de l'efficacité au travail qui ne doivent jamais se faire au détriment de la qualité. Autant de valeurs que je me suis toujours efforcé de transmettre aux apprenti(e)s que j'ai vu passer lorsque j'étais adjoint (il y en a quand même eu 5 en 7 ans...). Pour la plus grande satisfaction des clients-patients mais pas toujours, malheureusement, du titulaire et de son épouse pour qui le pharmacien devait avant tout être un commerçant (je les cite et je tiens à préciser que je faisais de loin le plus gros chiffre de la pharmacie et que mon panier moyen était parmi les plus élevés).
Caducette, je te le dis, je pense que j'aurais beaucoup de plaisir à travailler avec toi et je suis persuadé que ce plaisir serait partagé. Ce serait à mon avis une émulation positive. Et, je te rassure, derrière mon comptoir, je redeviens simple pharmacien, pas militant pour un monde meilleur.
Je pense effectivement que ta définition du bon pharmacien est juste. Mais en même temps, c'est ce qui m'inquiète. Car on pourrait la transposer au bon vendeur de TV, au bon conseiller financier, etc... Il manque à notre profession une véritable spécificité technique qui n'entre dans le giron d'aucune autre profession, pas même celle de médecin. C'est vrai qu'on passe plus de temps qu'eux à expliquer. Mais si nous n'étions pas là, ils sauraient aussi le faire. Je ne dis pas ça pour dénigrer notre profession, mais pour l'inciter à s'émanciper et à aller de l'avant.
C'est pour ça que je n'aime pas ce mot que tu emploies : "aigri". Je ne me sens pas aigri. On est aigri quand on a tenté quelque chose, qu'on a échoué, qu'on en veut à la Terre entière d'être responsable de cet échec et qu'on n'a plus la force d'avancer. Dieu merci, je n'en suis pas là ! J'essaie toujours de m'installer ; si je n'y parviens pas dans des délais raisonnables, j'ai pas mal d'issues de secours vers lesquelles me rediriger et j'ai toujours la force d'avancer. Cette force me vient de ce en quoi je crois. Si, au-delà de mon petit business personnel, je peux contribuer à offrir aux futures générations de confrères un avenir plus ouvert, alors je le fais. Même si je ne dois pas en avoir le bénéfice moi-même.
Pour pouvoir intégrer la fac de pharma, ayant fait maths sup avant, j'ai dû produire une lettre de motivation. J'y expliquais mon goût pour une profession libérale et l'exercice indépendant. Tu ne m'en voudras donc pas de vouloir me mettre à mon compte. Je constate qu'il y a un obstacle qui s'appelle apport financier. Je n'y peux rien, c'est ainsi et ça concerne un certain nombre de confrères. Ce n'est pas être aigri que d'en chercher les causes et d'essayer d'y trouver des solutions. Je pourrais m'en tenir à chercher des solutions personnelles. J'ai choisi d'en faire profiter les petits copains. Certains me qualifieront d'idéaliste. Je prends le compliment.
Voilà, j'espère que ce message t'aura permis de mieux comprendre ma démarche et de ne pas y voir de "l'aigreur".
Quant au marché de l'emploi, celui d'aujourd'hui n'a déjà plus rien à voir avec celui d'il y a 2 ans et demi, ni même avec celui d'il y a 1 an 1/2. D'après un responsable syndical que j'ai contacté hier, les licenciements explosent depuis cet été. La crise est passée par là...
A bientôt Caducette.
Confraternellement.
Damien.
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