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myly

Forum » » L'avenir du métier de pharmacien adjoint » » jeune diplomé déjà en reconverison


Posté : 07-07-2014 16:50 icone du post

Bonjour à tous,

Je ressors un vieux sujet mais en faisant quelques recherches je suis tombée sur le post de mimi59 et j'ai eu l'impression de lire mon "histoire".

Diplômée depuis 2010, j'ai bossé en officine durant 7 ans en tout (si on compte pendant mes études). Et depuis que je suis diplômée, je pense à me reconvertir...

J'aime le milieu pharmaceutique, ça ne fait aucun doute. J'ai commencé pharma pour le métier de pharmacien d'officine. Puis j'ai découvert l'industrie. Je m'y suis intéressée. Jusqu'à ce qu'à la fac, professeurs et doyen nous disent : choisir industrie de nos jours, c'est choisir le chômage.
Par contre, on nous répétait sans cesse que des pharmaciens d'officine, il en faudra toujours puisqu'il y aura toujours des malades.

J'ai vécu dans différentes régions françaises, plus ou moins touchées par le chômage (d'une manière générale) pour autant, je n'ai jamais vu le moindre CDI pointer son nez, ou alors il y en avait, et le poste comptait 100 à 200 postulants...
Donc j'ai enchainé les CDD, j'ai toujours réussi à bosser comme ça. Mais que faisons-nous aujourd'hui avec des CDD ? Comment envisagez l'achat d'une maison, une vie stable ?

Et puis il y a le métier au quotidien. Des patients de plus en plus exigents, oserais-je même le terme méchants, nourris des journaux télévisés qui démontent les génériques ou nourris des propos de leur médecin aussi. Devoir tous les jours se confronter aux dieux médecins généralistes qui savent tout sur tout. Se faire insulter au comptoir quand on essaie de faire son boulot correctement.
Des titulaires qui ne déléguent rien, des postes sans responsabilité. Une routine quotidienne lourde et pesante.
Pourtant j'ai travaillé dans différentes structures, petites, moyennes, grandes, en ville ou à la campagne.
Un jour, un titulaire m'a dit, après que je me sois faite insulter au comptoir : quand on est fait pour ce métier, on peut vivre de mauvais moments au comptoir, à la fin de la journée, on est quand même content de tous les moments qui se sont bien passés.
Pas moi.
Ajoutez à cela les pharmacies où on passe outre la loi pour conserver les clients parce que ça va "mal" et où le combat avec les habitudes du titulaire s'ajoute au combat avec les patients, j'avais beau travailler dans une super équipe, me lever chaque matin pour aller travailler était également un combat.

Alors peut-être est-ce juste le métier qui ne me convient pas, tout simplement, je ne suis peut-être pas assez passionnée pour passer sur tous ces aspects qui me dérangent.

Et puis vient la question de la reconversion, et là on se rend compte qu'avec ce fameux choix de l'officine, on se retrouve presque "coincé" avec un bac+6. C'est triste.
Il faut absolument une formation complémentaire pour essayer d'obtenir quelque chose. Mais les master, il faut pouvoir subvenir à ses besoins pendant toute sa durée, parce qu'un travail parallèle n'est pas possible.
Alors une formation rémunérée peut-être, mais Pôle emploi ne prend pas en compte toute formation.

A force de chercher comment me sortir de ce piège officine, de postuler à différents postes dans l'industrie pharmaceutique mais ayant toujours le soucis du manque d'une double compétence, j'ai fini par faire un BTS Négociation et Relation Client en formation continue sur 1 an, pendant laquelle je touchais mon chômage et la formation a été payée par Pôle emploi au vu de mes tests de compétences. Certains crieront certainement au scandale, refaire un Bac+2 en ayant déjà un Bac+6.
Mais je l'ai assumé. J'ai validé mon BTS haut la main.
Aujourd'hui je recherche un poste de commercial en pharmacie/délégué pharmaceutique. Pour rester proche du milieu pharmaceutique qui me plait et me correspond. La concurrence est rude. Je décroche des entretiens grâce à mon profil atypique, je suscite des interrogations.
Les processus de recrutement sont longs et je n'ai pour le moment pas encore de réponses, du moins là où j'ai eu des entretiens, sachant que sur les nombreux CV que j'ai envoyés, très peu ont abouti à une prise de contact quelconque.
En parallèle je continue de chercher en officine aussi, uniquement parce qu'il faut bien payer le loyer parce que je n'ai vraiment pas l'envie d'y retourner, mais de toute façon, la situation n'a pas changé : des CDD payés une misère (coeff 400 la plupart du temps) ou alors une recherche exclusive de pharmaciens non thésés ou juste diplômés. Pourtant mon diplôme n'a que 4 ans mais c'est déjà "trop".

Tout ça pour dire que je lis souvent sur les forums que c'est un scandale qu'un officinal se reconvertissent, limite tout autre boulot est dégradant pour son diplôme.
Mais on peut se tromper, déjà, on peut être déçu du métier qu'on découvre année après année.
Et je pense que le plus sain est d'arrêter de parler en terme d'années d'étude. On peut avoir un bac+6 et être malheureux dans sa vie professionnelle, et se reconvertir dans un poste bac+<6 et trouver un certain épanouissement, même si la paye est moindre et qu'aux yeux des gens le boulot est moins "valorisant" qu'être docteur en pharmacie.

Je ne sais pas où je finirai par atterrir mais faire le choix de laisser l'officine derrière moi était nécessaire, et plus on fait le constat tôt, mieux c'est.
Si des officinaux s'épanouissent dans leur travail, tant mieux pour vous, vraiment.
Si des officinaux veulent aller faire autre chose parce qu'ils ne sont pas fait pour ça, foncez et assumez !

Cet article provient de Pharmechange
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