Forum » » L'avenir du métier de pharmacien adjoint » » Nouvelle mission, piège a cons ?
Posté : 01-08-2013 10:09
Je suis d’accord que le terme logistique est sans doute restrictif et peut être un peu péjoratif…Je propose de le remplacer par celui de dispensation sécurisée.
Le pharmacien d’officine était autrefois le spécialiste de la préparation du médicament (domaine de compétence exclusif) (d’où la part encore importante dans les études faite à la galénique, à la chimie organique et analytique…).
Depuis l’avènement des spécialités et la fin des préparations, le pharmacien d’officine a en charge la dispensation sécurisée du médicament, ce qui recoupe pour le médicament prescrit (80 % du CA) des aspects:
1) logistique : le pharmacien commande et reçoit des médicaments qu’il stocke et revend en percevant logiquement une marge commerciale, et en étant accessible sur tout le territoire et 24h/24H (via les gardes) pour la population : c’est un domaine exclusif de compétences sur lequel les autres acteurs de la santé ne peuvent pas agir réglementairement (sauf rares médecins pro-pharmaciens), forcément assurée puisque c’est l’essence même de la fonction de pharmacien ‘et les patients viennent avant tout à la pharmacie pour se procurer leur médicament).
2) sécuritaire : au niveau de la logistique (traçabilité, qualité des produits délivrés) mais aussi de la dispensation (contrôle de la validité technique de l’ordonnance, en ce qui concerne les posologies, les interactions médicamenteuses, voir les contre-indications éventuelles pour éviter une toxicité). C’est là encore un domaine exclusif du pharmacien, avec ici un rôle complémentaire et important de celui de médecin (fonction de contrôle, mais surtout technique : validation des doses, mais pas de la pertinence de la prescription). Cette fonction doit être assurée par le pharmacien ; elle est opposable sur le plan de sa responsabilité (mais ne fait pas l’objet la plupart du temps pour la dispensation d’une traçabilité écrite et n’est pas rémunérée en tant que telle).
3) de conseil de bonne utilisation des médicaments (ce qui intègre à la base de repréciserr au patient la posologie des médicaments), pour permettre une efficacité thérapeutique optimale et éviter toute toxicité (donc cela recoupe en partie le coté sécuritaire précédent) : cette fonction n’est pas spécifique pour le pharmacien : elle est partagée avec le médecin, l’infirmière, voir avec le patient lui-même… Enfin, elle n’est pas vraiment opposable car il sera difficile au patient de prouver que le pharmacien ne lui a pas donné toutes les informations requises (à partir du moment où le pharmacien aura inscrit les posologies sur les boites…). Cette fonction de conseil n’est pas rémunérée en tant que telle et elle pourra être plus ou moins bien remplie en fonction des pharmaciens.
4) d’économie pour la collectivité (choix des génériques à la place du princeps), rémunérée par l’incitation financière à substituer.
Cette activité de dispensation sécurisée reste prescrite par le médecin, qui est donc le donneur d’ordre. Le pharmacien d’officine reste (pour l’instant ?) en très grande partie absent du choix thérapeutique et de la validation de l’efficacité clinique de la thérapeutique, qui sont des activités purement médicales et qui peuvent apparaître comme les plus valorisantes (car le but du médicament c’est de guérir). Les activités du pharmacien restent néanmoins indispensables, avec une valeur ajoutée indéniable, et reconnues dans le monde entier, car sans logistique pas de médicament dispensé au patient et sans dispensation sécurisée, pas de filet supplémentaire de sécurité).
La profession pharmaceutique, qui est « prescrite » par le médecin, est donc pour les sociologues anglo-saxons une « profession incomplète » (car ne contrôlant pas complètement son objet social, c'est-à-dire le médicament) ; cette notion de « profession incomplète » est bien sur une notion théorique et abstraite, mais elle à l’intérêt de refléter l’avis de sociologues, indépendemment des lobbys des différents professionnels de santé, et de donner un éclairage intéressant sur une thématique actuelle (quelle place exacte pour le pharmacien dans la santé et quelle rémunération pour cette place) (même si le débat français sur la question est biaisée car il y a confusion entre la place et le rôle du pharmacien et celle de l’entreprise officinale).
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