En attendant l'écriture d'un véritable article pour essayer de retranscrire les prises de positions des uns ou des autres, je vous propose de vous donner mes notes de préparation au débat. J'y ajouterai celles de Guillaume dès qu'elles seront en ma possession.
J'ouvre sur
le Forum "L'avenir des salariés" un sujet afin de vous permettre soit d'intervenir, soit de demander de développer ou d'éclaicir un sujet. Il s'agit de notes destinées à être développées.
Je précise que ce sont les réflexions d'un groupe de préparateur de divers horizons, celui qui vous a proposé la pétition.
Métier
Généralités
Une officine moyenne en France c'est un CA entre 1 et 2 M€ composée d'un ou deux pharmaciens (adjoints ou associés) et 3 à 6
préparateurs.
Une officine c'est une entreprise comme les autres avec les
fonctions :
- Administration
- Achats
- Réception/rangement
- Maintenance
- Vente/dispensation
Le préparateur doit avoir des compétences dans plusieurs de ces
domaines, sa polyvalence doit être un atout. L'officine n'a pas les
moyens d'employer du personnel spécialisé.
Le métier de préparateur aujourd’hui
L'essentiel du temps est passé au comptoir en relation avec des
malades ou leur famille. C’est la dimension sociale et humaine de notre
métier. Qualité d’écoute, de psychologie, capacité d’explication,
trouver les mots. C’est surement la partie la plus riche de notre métier
et pour laquelle nous ne sommes pas formés.
Nous sommes compétent en allopathie (80% de l’activité), en
homéopathie, en phytothérapie, en aromathérapie, en cosmétologie, en
diététique, nous délivrons des dispositifs et accessoires médicaux et
pouvont être amenés à en expliquer le fonctionnement, nous pouvons
participer à la mise en place du MAD et prendre en charge la location de
matériel médical.
Nous sommes amenés à réaliser des soins de première urgence, donner
des conseils, utiliser l'informatique, les techniques de merchandising
et nous devons d'être compétent en communication et en psychologie pour
prendre en charge les malades parfois difficiles.
Toutes les fonctions d’administration, gestion et en particulier de
tout ce qui touche au 1/3 payant, la maintenance sont de notre domaine, on
ne va pas monopoliser un bac + 6 sur des tâches mineures.
La préparation des médicaments n'est plus le cœur de notre métier,
le volume est faible. Le volume étant faible notre réserve de produit de
droguerie devient faible, la tendance est donc à la sous-traitance.
Pharmacien/Préparateur
C’est quoi la différence entre un pharmacien et un préparateur ?
Couple pharmacien/préparateur = complémentarité
Pharmacien spécialiste du médicament = préparateur polyvalent
Pharmacien = professionnel de santé
Préparateur = auxiliaire pharmaceutique
Il est vital pour l’avenir de notre métier qu’il trouve au plus vite
une identité propre. C’est en se démarquant qu’on justifie son utilité.
Retournement de la question : quelles sont les activités propres du
pharmacien ?
Le pharmacien est un exécutant dans le domaine de la santé, il doit
s'approprier son rôle de spécialiste du médicament et pouvoir dialoguer
d'égal à égal avec le médecin traitant. C'est à la mise en place d'un
traitement que son rôle devrait être déterminant, choix des molécules,
ajustement des posologies, etc.
Note : C'est la sécurité sociale et les antibiotiques qui ont fait du
médecin un dieu.
A la mise en place d’un nouveau traitement, d’un traitement lourd,
d’une délivrance particulière il est nécessaire d’utiliser la compétence
scientifique du pharmacien.
La délivrance de traitements installés, de renouvellements, de
pathologies saisonnières peut être confiée sans risque au préparateur.
L'important est la présence d'un pharmacien à l'officine afin que le
préparateur puisse lui demander de trancher une question au-delà de son
domaine de compétence.
Le préparateur officinal est salarié, il existe donc un lien de
subordination entre le pharmacien et le préparateur pourquoi en rajouter
avec le contrôle effectif, d’autant que nous avons aujourd’hui, des
outils d’aide à la délivrance.
Quand on parle de responsabilité pénale, elle pourrait dans ce cas
se justifier puisque le préparateur aurait le devoir d'en référer.
Nouvelles missions
Michel RIOLI a présenté un rapport intéressant proposant de
nouvelles missions pour l'officine, certaines de ces missions pourrait
être confiées au préparateur comme par exemple :
- Le rendez-vous santé et l'entretien pharmaceutique
- La démarche éducative
- Le MAD
- Toutes missions nécessitant d’avoir une activité à l’extérieur de
l’officine, la présence d’un pharmacien à l’officine étant
indispensable.
- Le pharmacien prenant en charge de nouvelles missions il est
nécessaire de le décharger d’autres tâches.
Formation
Elle doit être en mesure d’apporter un niveau de connaissance
suffisant pour mener à bien chacune des tâches du domaine de compétence.
Dire que notre formation n'est pas adaptée est une évidence.
C'est une évidence dans le contenu, d’abord.
L'essentiel du temps est passé au comptoir en relation avec des
malades ou leur famille.
En plus des matières théoriques enseignées.
Acquérir des compétences en :
- Prendre en charge les malades et leur famille : notions en
psychologie.
- Conseil personnalisé
- MAD
- Homéopathie
- Phytothérapie
- Aromathérapie
- Dermo-cosmétique
- Diététique
- Etre en mesure de réaliser des soins de première urgence
- Utiliser l’outil informatique
- La communication,
- Le merchandising,
- Administration,
- Gestion,
- etc.
Bien sur il n'est pas dans l'objet de la formation initiale
d'approfondir chacune de ces matières, mais un diplôme issu de
l'alternance doit permettre d'occuper un poste immédiatement après le
diplôme et un minimum est requis dans ces domaines afin de décharger et
redonner au pharmacien son rôle central de professionnel de santé.
La préparation n’est plus vraiment notre métier, on peut le
regretter, mais c’est comme ça. L’importance donnée à la préparation
dans l’enseignement et l’examen est démesurée par rapport aux besoins.
En revanche il faudrait réfléchir à la formation de nos collègues
travaillant dans des pharmacies sous-traitantes.
Une bonne formation initiale ne sert à rien si les connaissances ne
sont pas maintenue et mises à jour, la formation continue doit être
obligatoire pour les préparateurs comme pour les pharmaciens.
C’est une évidence dans la forme
Si l'alternance peut être considérée comme une bonne chose pour la
formation de métiers techniques, les conditions dans lesquelles elles se
déroulent aujourd'hui ne permettent pas de former avec certitude des
professionnels de qualité. Le maitre d'apprentissage, n'est absolument
pas contrôlé quant à la quantité et la qualité de l'enseignement qu'il
apporte. Un apprenti est formé actuellement en deux ans, il reçoit 800H
de formation en CFA et passe donc pendant son cursus environ 2500H en
entreprise. Il n'y a actuellement aucune définition du contenu de ces
2500H.
On pourrait imaginer que notre formation puisse se faire sous forme
de modules, alternant les périodes de formation théorique et de stages.
Ce système n’est pas forcément opposé au système de l’alternance et
présenterait l’avantage de pouvoir donner une formation équitable à
chacun des apprentis. Un stage = un contenu = une validation.
Pour former une infirmière on aura investi en 3 ans 2100H de
formation théorique + 2100H de stages dont le contenu a été clairement
défini et validé à la fin de chaque module.
C'est une évidence pour le Diplôme
BP définition
Le brevet professionnel est un diplôme national qui atteste
l'acquisition d'une haute qualification dans l'exercice d'une activité
professionnelle définie.
La caractéristique principale du brevet professionnel est d'être un
diplôme de promotion sociale obtenu tout en travaillant ou par
apprentissage dans le prolongement de la préparation d'un diplôme de
niveau V dans la spécialité.
Depuis la suppression du CAP et de sa mention complémentaire ce
diplôme n'a plus de sens, il fait suite à un diplôme de niveau IV ?
- Vers un diplôme d'Etat de santé ? Comme les infirmiers infirmiersactuellement
- • Licence professionnelle de santé ? Comme les visiteurs médicaux
- • Licence « Sciences de la santé »
?
C'est une évidence dans le statut professionnel
Il n'y a pas un métier mais des métiers de préparateurs.
Il y a environ 50 à 60 000 préparateurs en officine, environ 5 000
dans le secteur hospitalier public, quelques centaines dans le secteur
hospitalier privé, quelques dizaines dans les SDIS et les armées.
Le métier est géré, pensé, par et pour l'officine.
L'officine est le premier employeur, mais s'est approprié ce
métier, l'a limité, l'a dilué au service du pharmacien au point de le
confondre dans les esprits.
De ce fait il est inadapté aux autres spécialités : cas de l'hôpital
Ce professionnel pourrait être mis au service de l'officine, de l'hôpital, de l'industrie voire même
d'une activité libérale au service des particuliers ou des
collectivités.
Infirmière : auxiliaire médical sous les directives du médecin avec
un champ d’autonomie
Préparateur : auxiliaire pharmaceutique sous les directives du
pharmacien avec un champ d’autonomie. Ce qui lui permettrait de
travailler en dehors de l’officine.
Conclusions
Texte de notre pétition
Conscients d’appartenir à un réseau de soin qui doit rester l’un des
plus performants au monde.
Certains que la justification du monopole pharmaceutique ne se
trouve que dans la qualité d’un service rendu performant.
Certains qu’au coté du pharmacien un auxiliaire paramédical
responsable et bien formé est indispensable.
Nous nous prononçons pour :
- un diplôme commun à toutes les spécialités de préparateurs en
pharmacie : officine, hôpital, clinique, pharmacie mutualiste, SDIS,
etc.
- une formation moderne, conforme à l’harmonisation européenne des
diplômes,
- une formation en 3 ans dans un cursus licence "sciences de la
santé",
- un métier ouvert par la création de passerelles entre professions
paramédicales,
- un vrai statut professionnel,
- un titre plus en relation avec nos réelles fonctions,
- une formation professionnelle continue obligatoire permettant une
remise à niveau permanente pour faire face à l’évolution de notre
métier,
Cette pétition a recueillit 1360 signatures à ce jour.
Je souhaite que nos collègues des syndicats ayant des prérogatives
dans la destinée de notre métier comprennent que cela leur crée une
obligation d’écoute et d’information auprès de l’ensemble de la
profession. On peut regretter qu’ils soient si fermés
à l’entrée de professionnels en activité dans des commissions destinées
à réfléchir à l’évolution de notre métier.
Je souhaite que cette réforme du métier, de la formation et du
diplôme soit pour une fois une vraie chance pour ce métier vers une
réelle autonomie.
Les préparateurs doivent s’approprier leur métier, imaginer ce
métier en dehors des limitations de l’officine qui ne doit être
considéré que comme le débouché principal de ce métier.
J’invite celles et ceux qui aiment leur métier et souhaitent le
promouvoir à nous rejoindre au sein de notre association.
Les notes de Guillaume
Les tâches quotidiennes
En ce qui concerne les tâches du préparateur en pharmacie officinal, rien n’est actuellement défini
sur les tâches quotidiennes, il faudrait les définir officiellement (rôles des experts préparateurs), en
visitant des officines pour définir quelles sont les tâches quotidiennes du préparateur, ainsi nos actes
seront définis et nous pourrons construire un contenu de diplôme.
Les nouvelles tâches du préparateur
Le préparateur est un professionnel de santé à part entière et a une bonne connaissance du
médicament, il pourrait donc demain être capable de :
- Délivrer des ordonnances de « pathologies saisonnières » ex rhumes, angines,
gastro …
- Renouveler les ordonnances des maladies chroniques, la délivrance initiale étant
réservée au pharmacien ou pourquoi pas à un préparateur spécialisé, on peut
tout à fait imaginer un préparateur qui aurait suivi une formation poussée dans
certains domaines (ex l’oncologie ou le diabète).
Pour ma part, sans vouloir être prétentieux, je pense de part mon expérience en oncologie médicale,
en savoir plus qu’un pharmacien d’officine sur les protocoles d’oncologie.
- Etre le spécialiste de la nutrition du malade en ayant bien sur reçu une formation
adéquate et être totalement autonome avec ces produits
- Exercer en libéral en faisant un lien entre les professionnels de santé autour du
malade hospitalisé, en préparant les piluliers…
Le lien est souvent mal fait entre les différents professionnels de santé pour les malades hospitalisés
à domicile, et pour ma part, il m’arrive souvent de donner mon avis sur un choix de pansement car
j’estime être un technicien spécialiste du matériel médical et une infirmière même si elle a l’habitude
de poser des pansements (chose dont je suis incapable je le précise), elle n’a pas la connaissance
technique du produit.
- Etre un référent qualité au sein d’une officine, en effet nous sommes dans une
ère ou règne la qualité partout, pourquoi le préparateur ne serait pas le
qualiticien d’une officine pour lui permettre d’obtenir une certification.
Certification gage de qualité de l’officine.
Pour ce qui est de la formation du préparateur, tout le monde sait qu’elle est inadaptée par rapport à
la pratique quotidienne.
Il faudrait en modifier le contenu et surtout le définir en lien avec les pratiques officinales et y
ajouter de nouvelles matières comme la communication, le merchandising, l’informatique, la
qualité…
La question de l’alternance est aussi à mon sens à revoir car il faudrait la penser autrement à l’image
des infirmières sous forme de stage avec validation des compétences à chaque stage, ce qui
permettrais à l’étudiant de ne pas faire du ménage ou d’autres tâches qui ne sont pas en lien avec le
métier car au bout d’une semaine de CFA, il ne peut pas beaucoup aider l’équipe officinale.
On pourrait donc imaginer recevoir 4 ou 5 mois d’enseignement théorique et faire par la suite des
stages de 2 mois.
Et pourquoi ne pas faire ces stages dans différentes officines, dans des hôpitaux, ou encore dans
l’industrie. Cela permettrait d’élargir les connaissances de l’étudiant.
Pour ma part je pense que 2 ans pour préparer un tel examen est trop court, il faudrait élargir le
diplôme à 3 ans, avec 2 ans de tronc commun et un an de spécialisation dans la branche que l’on a
choisi : officine, hôpital, industrie et pourquoi pas libéral !