Pharmagora : Radiographie du métier de préparateur (notes) 5603


En attendant l'écriture d'un véritable article pour essayer de retranscrire les prises de positions des uns ou des autres, je vous propose de vous donner mes notes de préparation au débat. J'y ajouterai celles de Guillaume dès qu'elles seront en ma possession.

J'ouvre sur le Forum "L'avenir des salariés" un sujet afin de vous permettre soit d'intervenir, soit de demander de développer ou d'éclaicir un sujet. Il s'agit de notes destinées à être développées.

Je précise que ce sont les réflexions d'un groupe de préparateur de divers horizons, celui qui vous a proposé la pétition.

Métier

Généralités

Une officine moyenne en France c'est un CA entre 1 et 2 M€ composée d'un ou deux pharmaciens (adjoints ou associés) et 3 à 6 préparateurs.
Une officine c'est une entreprise comme les autres avec les fonctions :
  • Administration
  • Achats
  • Réception/rangement
  • Maintenance
  • Vente/dispensation

Le préparateur doit avoir des compétences dans plusieurs de ces domaines, sa polyvalence doit être un atout. L'officine n'a pas les moyens d'employer du personnel spécialisé.

Le métier de préparateur aujourd’hui

L'essentiel du temps est passé au comptoir en relation avec des malades ou leur famille. C’est la dimension sociale et humaine de notre métier. Qualité d’écoute, de psychologie, capacité d’explication, trouver les mots. C’est surement la partie la plus riche de notre métier et pour laquelle nous ne sommes pas formés.

Nous sommes compétent en allopathie (80% de l’activité), en homéopathie, en phytothérapie, en aromathérapie, en cosmétologie, en diététique, nous délivrons des dispositifs et accessoires médicaux et pouvont être amenés à en expliquer le fonctionnement, nous pouvons participer à la mise en place du MAD et prendre en charge la location de matériel médical.

Nous sommes amenés à réaliser des soins de première urgence, donner des conseils, utiliser l'informatique, les techniques de merchandising et nous devons d'être compétent en communication et en psychologie pour prendre en charge les malades parfois difficiles.

Toutes les fonctions d’administration, gestion et en particulier de tout ce qui touche au 1/3 payant, la maintenance sont de notre domaine, on ne va pas monopoliser un bac + 6 sur des tâches mineures.

La préparation des médicaments n'est plus le cœur de notre métier, le volume est faible. Le volume étant faible notre réserve de produit de droguerie devient faible, la tendance est donc à la sous-traitance.

Pharmacien/Préparateur

C’est quoi la différence entre un pharmacien et un préparateur ?
Couple pharmacien/préparateur = complémentarité
Pharmacien spécialiste du médicament = préparateur polyvalent

Pharmacien = professionnel de santé
Préparateur = auxiliaire pharmaceutique

Il est vital pour l’avenir de notre métier qu’il trouve au plus vite une identité propre. C’est en se démarquant qu’on justifie son utilité.

Retournement de la question : quelles sont les activités propres du pharmacien ?

Le pharmacien est un exécutant dans le domaine de la santé, il doit s'approprier son rôle de spécialiste du médicament et pouvoir dialoguer d'égal à égal avec le médecin traitant. C'est à la mise en place d'un traitement que son rôle devrait être déterminant, choix des molécules, ajustement des posologies, etc.

Note : C'est la sécurité sociale et les antibiotiques qui ont fait du médecin un dieu.

A la mise en place d’un nouveau traitement, d’un traitement lourd, d’une délivrance particulière il est nécessaire d’utiliser la compétence scientifique du pharmacien.

La délivrance de traitements installés, de renouvellements, de pathologies saisonnières peut être confiée sans risque au préparateur. L'important est la présence d'un pharmacien à l'officine afin que le préparateur puisse lui demander de trancher une question au-delà de son domaine de compétence.

Le préparateur officinal est salarié, il existe donc un lien de subordination entre le pharmacien et le préparateur pourquoi en rajouter avec le contrôle effectif, d’autant que nous avons aujourd’hui, des outils d’aide à la délivrance.

Quand on parle de responsabilité pénale, elle pourrait dans ce cas se justifier puisque le préparateur aurait le devoir d'en référer.

Nouvelles missions

Michel RIOLI a présenté un rapport intéressant proposant de nouvelles missions pour l'officine, certaines de ces missions pourrait être confiées au préparateur comme par exemple :
  • Le rendez-vous santé et l'entretien pharmaceutique
  • La démarche éducative
  • Le MAD
  • Toutes missions nécessitant d’avoir une activité à l’extérieur de l’officine, la présence d’un pharmacien à l’officine étant indispensable.
  • Le pharmacien prenant en charge de nouvelles missions il est nécessaire de le décharger d’autres tâches.

Formation

Elle doit être en mesure d’apporter un niveau de connaissance suffisant pour mener à bien chacune des tâches du domaine de compétence.

Dire que notre formation n'est pas adaptée est une évidence.

C'est une évidence dans le contenu, d’abord.

L'essentiel du temps est passé au comptoir en relation avec des malades ou leur famille.

En plus des matières théoriques enseignées.

Acquérir des compétences en :
  • Prendre en charge les malades et leur famille : notions en psychologie.
  • Conseil personnalisé
  • MAD
  • Homéopathie
  • Phytothérapie
  • Aromathérapie
  • Dermo-cosmétique
  • Diététique
  • Etre en mesure de réaliser des soins de première urgence
  • Utiliser l’outil informatique
  • La communication,
  • Le merchandising,
  • Administration,
  • Gestion,
  • etc.

Bien sur il n'est pas dans l'objet de la formation initiale d'approfondir chacune de ces matières, mais un diplôme issu de l'alternance doit permettre d'occuper un poste immédiatement après le diplôme et un minimum est requis dans ces domaines afin de décharger et redonner au pharmacien son rôle central de professionnel de santé.

La préparation n’est plus vraiment notre métier, on peut le regretter, mais c’est comme ça. L’importance donnée à la préparation dans l’enseignement et l’examen est démesurée par rapport aux besoins. En revanche il faudrait réfléchir à la formation de nos collègues travaillant dans des pharmacies sous-traitantes.

Une bonne formation initiale ne sert à rien si les connaissances ne sont pas maintenue et mises à jour, la formation continue doit être obligatoire pour les préparateurs comme pour les pharmaciens.

C’est une évidence dans la forme

Si l'alternance peut être considérée comme une bonne chose pour la formation de métiers techniques, les conditions dans lesquelles elles se déroulent aujourd'hui ne permettent pas de former avec certitude des professionnels de qualité. Le maitre d'apprentissage, n'est absolument pas contrôlé quant à la quantité et la qualité de l'enseignement qu'il apporte. Un apprenti est formé actuellement en deux ans, il reçoit 800H de formation en CFA et passe donc pendant son cursus environ 2500H en entreprise. Il n'y a actuellement aucune définition du contenu de ces 2500H.

On pourrait imaginer que notre formation puisse se faire sous forme de modules, alternant les périodes de formation théorique et de stages. Ce système n’est pas forcément opposé au système de l’alternance et présenterait l’avantage de pouvoir donner une formation équitable à chacun des apprentis. Un stage = un contenu = une validation.

Pour former une infirmière on aura investi en 3 ans 2100H de formation théorique + 2100H de stages dont le contenu a été clairement défini et validé à la fin de chaque module.

C'est une évidence pour le Diplôme


BP définition

Le brevet professionnel est un diplôme national qui atteste l'acquisition d'une haute qualification dans l'exercice d'une activité professionnelle définie.

La caractéristique principale du brevet professionnel est d'être un diplôme de promotion sociale obtenu tout en travaillant ou par apprentissage dans le prolongement de la préparation d'un diplôme de niveau V dans la spécialité.

Depuis la suppression du CAP et de sa mention complémentaire ce diplôme n'a plus de sens, il fait suite à un diplôme de niveau IV ?

  • Vers un diplôme d'Etat de santé ? Comme les infirmiers infirmiersactuellement
  • • Licence professionnelle de santé ? Comme les visiteurs médicaux
  • • Licence « Sciences de la santé » ?

C'est une évidence dans le statut professionnel

Il n'y a pas un métier mais des métiers de préparateurs.

Il y a environ 50 à 60 000 préparateurs en officine, environ 5 000 dans le secteur hospitalier public, quelques centaines dans le secteur hospitalier privé, quelques dizaines dans les SDIS et les armées.

Le métier est géré, pensé, par et pour l'officine.

L'officine est le premier employeur, mais s'est approprié ce métier, l'a limité, l'a dilué au service du pharmacien au point de le confondre dans les esprits.

De ce fait il est inadapté aux autres spécialités : cas de l'hôpital

Ce professionnel pourrait être mis au service de l'officine, de l'hôpital, de l'industrie voire même d'une activité libérale au service des particuliers ou des collectivités.

Infirmière : auxiliaire médical sous les directives du médecin avec un champ d’autonomie

Préparateur : auxiliaire pharmaceutique sous les directives du pharmacien avec un champ d’autonomie. Ce qui lui permettrait de travailler en dehors de l’officine.


Conclusions

Texte de notre pétition

Conscients d’appartenir à un réseau de soin qui doit rester l’un des plus performants au monde.
Certains que la justification du monopole pharmaceutique ne se trouve que dans la qualité d’un service rendu performant.
Certains qu’au coté du pharmacien un auxiliaire paramédical responsable et bien formé est indispensable.
Nous nous prononçons pour :
  • un diplôme commun à toutes les spécialités de préparateurs en pharmacie : officine, hôpital, clinique, pharmacie mutualiste, SDIS, etc.
  • une formation moderne, conforme à l’harmonisation européenne des diplômes,
  • une formation en 3 ans dans un cursus licence "sciences de la santé",
  • un métier ouvert par la création de passerelles entre professions paramédicales,
  • un vrai statut professionnel,
  • un titre plus en relation avec nos réelles fonctions,
  • une formation professionnelle continue obligatoire permettant une remise à niveau permanente pour faire face à l’évolution de notre métier,

Cette pétition a recueillit 1360 signatures à ce jour.

Je souhaite que nos collègues des syndicats ayant des prérogatives dans la destinée de notre métier comprennent que cela leur crée une obligation d’écoute et d’information auprès de l’ensemble de la profession. On peut regretter qu’ils soient si fermés à l’entrée de professionnels en activité dans des commissions destinées à réfléchir à l’évolution de notre métier.

Je souhaite que cette réforme du métier, de la formation et du diplôme soit pour une fois une vraie chance pour ce métier vers une réelle autonomie.

Les préparateurs doivent s’approprier leur métier, imaginer ce métier en dehors des limitations de l’officine qui ne doit être considéré que comme le débouché principal de ce métier.

J’invite celles et ceux qui aiment leur métier et souhaitent le promouvoir à nous rejoindre au sein de notre association.



Les notes de Guillaume

Les tâches quotidiennes

En ce qui concerne les tâches du préparateur en pharmacie officinal, rien n’est actuellement défini sur les tâches quotidiennes, il faudrait les définir officiellement (rôles des experts préparateurs), en visitant des officines pour définir quelles sont les tâches quotidiennes du préparateur, ainsi nos actes seront définis et nous pourrons construire un contenu de diplôme.

Les nouvelles tâches du préparateur

Le préparateur est un professionnel de santé à part entière et a une bonne connaissance du
médicament, il pourrait donc demain être capable de :

  • Délivrer des ordonnances de « pathologies saisonnières » ex rhumes, angines, gastro …
  • Renouveler les ordonnances des maladies chroniques, la délivrance initiale étant réservée au pharmacien ou pourquoi pas à un préparateur spécialisé, on peut tout à fait imaginer un préparateur qui aurait suivi une formation poussée dans certains domaines (ex l’oncologie ou le diabète).

Pour ma part, sans vouloir être prétentieux, je pense de part mon expérience en oncologie médicale, en savoir plus qu’un pharmacien d’officine sur les protocoles d’oncologie.

  • Etre le spécialiste de la nutrition du malade en ayant bien sur reçu une formation adéquate et être totalement autonome avec ces produits
  • Exercer en libéral en faisant un lien entre les professionnels de santé autour du malade hospitalisé, en préparant les piluliers…

Le lien est souvent mal fait entre les différents professionnels de santé pour les malades hospitalisés à domicile, et pour ma part, il m’arrive souvent de donner mon avis sur un choix de pansement car j’estime être un technicien spécialiste du matériel médical et une infirmière même si elle a l’habitude de poser des pansements (chose dont je suis incapable je le précise), elle n’a pas la connaissance technique du produit.

  • Etre un référent qualité au sein d’une officine, en effet nous sommes dans une ère ou règne la qualité partout, pourquoi le préparateur ne serait pas le qualiticien d’une officine pour lui permettre d’obtenir une certification.

Certification gage de qualité de l’officine.

Pour ce qui est de la formation du préparateur, tout le monde sait qu’elle est inadaptée par rapport à la pratique quotidienne.

Il faudrait en modifier le contenu et surtout le définir en lien avec les pratiques officinales et y ajouter de nouvelles matières comme la communication, le merchandising, l’informatique, la qualité…

La question de l’alternance est aussi à mon sens à revoir car il faudrait la penser autrement à l’image des infirmières sous forme de stage avec validation des compétences à chaque stage, ce qui permettrais à l’étudiant de ne pas faire du ménage ou d’autres tâches qui ne sont pas en lien avec le métier car au bout d’une semaine de CFA, il ne peut pas beaucoup aider l’équipe officinale.

On pourrait donc imaginer recevoir 4 ou 5 mois d’enseignement théorique et faire par la suite des stages de 2 mois.

Et pourquoi ne pas faire ces stages dans différentes officines, dans des hôpitaux, ou encore dans l’industrie. Cela permettrait d’élargir les connaissances de l’étudiant.

Pour ma part je pense que 2 ans pour préparer un tel examen est trop court, il faudrait élargir le diplôme à 3 ans, avec 2 ans de tronc commun et un an de spécialisation dans la branche que l’on a choisi : officine, hôpital, industrie et pourquoi pas libéral !


ManagerManager Publié le : Mardi 30 mars 2010 @ 13:37:40

tatam tatam
Sympa, on sera toujours payé comme des caissières aussi vu que tout va mal soit disant , et les managers doivent se saigner pour nous donner 20 centimes de plus par heure. Mais on devra passer un bac S et se taper 3 ans d'études.
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