Index du forum »»  Le café du commerce »» Poutine soft

Poutine soft#5499

2Contributeur(s)
Bixente64poussin_arverne
4 Modérateur(s)
ManagerzamaievBixente64bultus
Bixente64 Bixente64icon_post
Laurent joffrin
lundi 7 janvier 2008

L’humiliation sera donc totale. Récompensés ou insultés selon les caprices du prince, les ministres seront désormais notés par des petits hommes gris du consulting d’entreprise habituellement chargés de mesurer l’efficacité des multinationales. Usurpation et gaspillage de crédits : c’est à la Cour des comptes d’évaluer l’action publique. C’est au Parlement, élu par le peuple, de juger les ministres. Ou encore au Premier ministre, responsable devant la représentation nationale. Il est vrai qu’il est porté disparu depuis sa nomination…

Déjà supplantés par des conseillers dont la légitimité démocratique est nulle, un Claude Guéant corrigeant publiquement Christine Lagarde, un Jean-Daniel Lévitte remplaçant Bernard Kouchner changé en ectoplasme, bref les eunuques prenant le pas sur les vizirs, les ministres de la République sont désormais rabaissés au rang d’exécutants craintifs, notés comme des cancres, tancés comme des bonnes et bientôt congédiés comme des laquais. Qui aurait évalué l’action d’André Malraux, celle de Simone Veil ou de Robert Badinter ? Trois comptables ? L’affaire serait secondaire si elle n’exprimait la nature du régime qui naît sous nos yeux.

La Ve République était quelque peu compassée, souvent hypocrite dans sa fausse répartition des pouvoirs ? Soit. Il fallait donner à l’action gouvernementale son tempo et son efficacité, décentraliser l’université, revoir les régimes spéciaux, réformer la carte judiciaire ? Certes. Il fallait une présidence plus familière, moins solennelle ? Admettons. Mais ce qui se passe depuis six mois dépasse de loin les ajustements de style. Au temps de Saint-Simon, Louis XIV, voulant abaisser la noblesse, la conviait à son petit lever pour le voir rasé par un barbier ou assis sur sa chaise percée. Aux temps de Closer, le peuple est convié, par photographes interposés, aux week-ends privés de Louxor ou de Disneyland. En est-il grandi ?

Par le ralliement sans gloire d’une poignée de transfuges, une politique de droite est menée par des hommes venant de la gauche. L’opposition s’en trouve empêtrée, incapable de jouer son rôle d’aiguillon et de censeur. Qu’est-ce qu’un débat public sans contradicteurs ?

Bref, à travers les grandes choses et les petites, dans la vie publique comme dans la vie privée, tout part d’un seul homme et tout y revient. Parmi les avatars de la Ve République, régime caméléon s’il en fut, nous héritons du pire : une monarchie élective qui trône dans tous les studios. Dans son dernier livre, Jacques Julliard montre avec raison que nous vivons dans des démocraties d’opinion. C’est plus grave en France : nous sommes dans une royauté cathodique. Dans aucun pays de liberté un chef d’Etat ne dispose d’autant de pouvoir ; dans aucune arène politique au monde il ne monopolise ainsi l’attention publique ; dans aucune démocratie on n’a de la sorte relégué les autres représentants du peuple à un rôle de figurants. Par des moyens subreptices quoique en restant dans le cadre des libertés publiques, Nicolas Sarkozy a fait de l’Etat sa chose et de l’opposition son faire-valoir. C’est un Poutine soft. Il est temps de s’en rendre compte.

http://www.liberation.fr/actualite/politiques/302095.FR.php

Là où commence le découragement, se lève la victoire des persévérants.
Bixente64 Bixente64icon_post
A l’étranger, l’irritation monte

MARC SEMO
lundi 7 janvier 2008

Des éditorialistes britanniques ou espagnols se gaussent du «petit Napoléon». La presse d’outre-Rhin le décrit volontiers comme «une caricature de Français» et Angela Merkel, fille de pasteur passée par les jeunesses communistes, s’irrite publiquement de ses bises sonores. Les Italiens, eux, comparent volontiers le bling-bling sarkozyen à celui de Silvio Berlusconi… Les Français n’en restent pas moins convaincus (60 %) de la bonne image internationale de la France donnée par leur président. Certes, après des années d’immobilisme chiraquien, l’activisme de l’hyperprésident fascine outre-Atlantique, notamment les républicains. Au sein de l’Union européenne, on lui sait gré d’avoir joué un rôle crucial pour l’adoption d’un «traité simplifié» relançant la construction européenne.

Mais l’irritation prend le pas sur le reste d’autant que le bilan international est maigre. D’incontestables coups d’éclats, comme la libération des infirmières bulgares, ont été payés cher. La visite à Paris d’un Kadhafi histrionesque a été perçue par les Français, selon un sondage du Figaro, comme la moins bonne initiative du Président. Les jugements à l’étranger ont été encore plus sévères, d’autant que Nicolas Sarkozy semble bien avoir sacrifié sur l’autel de la realpolitik ses promesses de campagne d’une diplomatie «plus engagée». Il fut ainsi le seul dirigeant occidental à féliciter le président russe pour sa victoire aux législatives. Intellectuel de gauche rallié à Sarkozy, André Glucksmann, évoquait son malaise dans nos colonnes : «On ne parle pas à Poutine comme à un pote.»

http://www.liberation.fr/actualite/politiques/302097.FR.php
Là où commence le découragement, se lève la victoire des persévérants.
poussin_arverne poussin_arverneicon_post
C'est marrand : on me disait extrêmiste queand je disais tout sela il y a quelques mois ....
Poussin

"Pour se faire des ennemis, il n'est pas nécessaire de déclencher la guerre, il suffit de dire ce que l'on pense"
Martin Luther King