Depuis ce matin, je lis tous les messages concernant le harcèlement, les démissions, les ruptures conventionnelles. J'ai un peu de mal à me situer dans tout ça, j'hésite quant à la solution à apporter. Je suis préparatrice dans cette pharmacie depuis 2009, j'ai 20 années d'expérience dans ce métier que j'adore.
Je suis le bouc émissaire ou je subis du harcèlement de la part d'une préparatrice ayant une ancienneté de 30 ans. Je n'arrive pas à faire la différence entre bouc émissaire et harcèlement.
Ces brimades sont très rarement faites par elle-même, elle préfère les faire faire par d’autres qui sont sous son emprise, que j’appellerai des sbires. J’ai pris sur moi, je me suis remise en question pendant 6 mois, j’ai hésité à renouveler mon CDD. J’ai donc tout de même continué en me disant que peut-être qu'il fallait que je prenne un peu plus confiance en moi et ainsi je ne me laisserai plus toucher par tout cela. Ca a continué quelques mois puis brusquement cela a cessé, j’ai donc signé mon CDI.
Le harcèlement a repris mais sur une autre personne qui ne veut pas bouger ou dire ce qui se passe. Pour m’intégrer dans cette équipe, il aurait fallu à un moment donné que je rentre dans ce jeu, c’est-à-dire que je suive ses consignes « Dis-lui à X. que c'est pas bien », « met à X. un mot dans son casier parce qu'elle a fait une erreur », chose à laquelle je me suis toujours refusée, si une personne commet une erreur, je suis en capacité de transmettre le message sans une personne derrière, sans agressivité, ni attaque, ni reproche. Personnellement, si une personne se trompe dans la délivrance d’une ordonnance, je ne le rapporte pas forcément à la préparatrice en question, je ne la harcèle pas pendant des jours, je ne lui envoie pas des sms, l’erreur étant humaine, je m’excuse auprès du patient au nom de l’équipe, je passe à autre chose.
Le fait de prendre à un moment donné la défense de ma collègue qui rentrait en pleurant tout les soirs et qui était enceinte à ce moment-là m’a, je suppose, valu la suite. Cette collègue a depuis, me semble-t-il réussi à trouver un moyen de supporter tout cela, ce qui n’est pas mon cas aujourd’hui.
Pour continuer dans le sens des années, j’ai ensuite effectué un remplacement de 4 mois dans une autre pharmacie, tout en étant sous contrat dans ma pharmacie habituelle, c’était un prêt de salarié en sorte. J’ai accepté cela car ça me permettait de fuir, d’avoir des jours de tranquillités, j’y suis allée sans à priori, avec des craintes certes mais dans un but de me sauver. Pendant ces 4 mois, le harcèlement a continué, notamment à m’appeler par téléphone à la pharmacie pour me demander « Où as-tu rangé ceci ? », « Où est l’ordonnance de Mme. Y ? », « Comment ça se fait que … ? ». A ce moment-là, j’ai prévenu les filles de la seconde pharmacie où j’effectuais ce remplacement que je n’étais pas là si elle téléphonait, je n’étais pas là si son sbire téléphonait, en même temps j’avais prévenu mon employeur que si vraiment il y avait besoin d’un renseignement qu’il téléphone lui, c’est mon patron et le seul a pouvoir me déranger sur mon lieu de travail et là ça m’a permis d’être en « vacances ».
Puis je suis revenue à temps plein dans ma pharmacie en me disant naïvement ça va aller. Oui, un certain temps, j’ai été tranquille parce que j’ai été dans une période où j’ai réussi à passer outre les reproches (qui ne sont pas fondés), où j’ai pu certainement me ressourcer ailleurs, où j’ai fait un énorme travail sur moi en me disant qu’elle a son histoire, que j’ai la mienne, et que c’est à moi de porter une attention particulière pour ne pas rentrer dans ce champ, c’est à moi de me protéger de cette personne très narcissique, et c’est à moi d’arriver à ne pas me laisser toucher par ses propos. J’ai tenu quelques mois, elle m’a un peu lâché pour transférer sur quelqu’un d’autre, puis a repris avec des propos du genre « Tu te feras opérer lorsque tu seras à ton compte », en effet, à compter du 7 octobre 2012 je devais être en arrêt maladie pour deux mois.
Je suis revenue de ces arrêts maladies, pendant ce temps des collègues ont posés des congés pour Pâques (mais pas elle-même). Je me suis autorisée à poser la question « Pourquoi ne me demande-ton pas si j’ai envie de prendre des congés ? » : une collègue m’a répondu, une seconde sous grande emprise ne m’a à ce jour toujours pas répondu, et celle non concernée, en l’occurrence la" harceleuse" m’a répondu « Mais tu as eu 2 mois de vacances, tu n’en a pas besoin ». Depuis, plus de dialogue, plus de partage (pause café), une ignorance totale invivable que je ne veux plus subir. J’ai donc pris la décision de m’en aller, j’en ai parlé à mes patrons et bizarrement, elle sent que quelque chose se trame alors elle revient en douceur comme si de rien n’était. Bien entendu, je me remets en question perpétuelle, suis-je parano ? Suis-je dans la bonne décision ? Je ne dors plus, sauf par médicament, et j’ai perdu 4kg.
Je fais bonne figure depuis toujours face aux clients, je fais bonne figure devant mes patrons, mais aujourd’hui je suis en souffrance, c’est pourquoi je choisis de partir. C’est la première fois en 20 ans de carrière que je rencontre un tel problème, j’ai effectué beaucoup de remplacements, de CDD par choix, et j’ai toujours gardé de bons contacts avec mes anciennes collègues. J'ai du mal à être sûre de ce que je dois faire.
Du côté des patrons (ils sont 2), ils ont le cul entre 2 chaises je pense. Ils veulent envoyer un avertissement et la convoquer dans le bureau, mais ils sont trop gentils (ce n'est pas ironique), et ils fuient les conflits, ils reconnaissent que si on en est là aujourd'hui c'est leur faute (ils me l'ont dit).
J'ai peut-être déjà retrouvé un emploi, le problème est que d'une part je n'ai pas envie de quitter 2 patrons formidables (ça existe), je ne veux pas recommencer à m'adapter, même si je suis rodée avec tous les remplacements effectués en 20 ans, ce n'est pas juste que je démissionne.
J'ai proposé une rupture conventionnelle mais ils ne sont pas ok, ils m'ont répondu "vous faites le choix, vous assumez" (ils n'ont pas tort). Je leur ai dit que si je n'obtenais pas le poste je serai obligé à un moment donné de me coller en maladie, ou faire valoir mon droit de retrait.
Avez-vous des pistes, des idées.
Je prépare un courrier qui sera envoyé à la médecine du travail, une copie de ce courrier à mes employeurs. Le reste : je suis toute ouïe
Merci