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alchimiste9902

Forum » » Cas de comptoirs » » Deux morts a cause des génériques que devons nous faire ?????


Posté : 25-02-2008 00:17 icone du post

Bonjour

En préambule, je précise que je suis doublement concerné par les génériques dans le traitement de l’épilepsie : je suis à la fois pharmacien et épileptique.

Depuis l’installation de la règle générique contre tiers payant, j’ai manifesté un attitude très souple (càd très compréhensive) vis-à-vis des patients épileptiques. En effet malgré les reproches de mes collègues, ma position était très simple : je propose le générique au client de façon très neutre (sans insister), s’il l’accepte spontanément, je le lui donne et s’il manifeste la moindre désapprobation je lui donne le princeps. Certains de mes collègues sont allés jusqu’à me dire que les met en position embarrassante devant des clients auquel, moi j’ai donné le princeps tout en accordant le tiers et eux voulaient lui « imposer le générique contre le tiers payant, sinon il devrait payer, comme le dit la secu ». Leur défense était simple : nous devons avoir les mêmes pratiques et appliquer la loi, sinon « nous allons avoir des problèmes avec la secu » !

Un jour, face à ces remarques j’ai pris le téléphone (et mis le haut-parleur) et j’ai appelé la sécu. J’ai exposé mon argumentaire (scientifique …), j’ai été « baladé » d’un responsable à un autre (j’ai presque parcouru la pyramide hiérarchique du département), pour avoir la réponse finale : vous pouvez ne « pas donner des génériques » au cas par cas …

Mon argumentaire était simple : notre déontologie et le code de la santé publique exigent de faire passer la santé du client avant tout. Comme les neurologues français (ainsi que plusieurs publications scientifiques) recommandent de ne pas substituer princeps par un générique, encore moins un générique d’une marque par un autre surtout chez un patient bien équilibré (sans crise depuis un certain temps). L’épilepsie est une maladie très complexe. Chez les épileptiques, la moindre contrariété, stress … peuvent déclencher des crises …Il faut aussi que le patient adhère au traitement. Donc il y a une forte composante « psychologique et émotionnelle » dans les facteurs déclenchant.

Vue les manières « agressives » que nous impose la secu, afin de forcer les clients à prendre les génériques … je trouve dommage qu’on passe outre notre déontologie pharmaceutique et le code de la santé publique (sans oublier notre humanisme), pour faire à la secu quelque maigres économies !

Ma propre histoire personnelle avec les génériques :

En octobre je suis passé aux génériques moi aussi (comme mes patients). Au bout d’une semaine j’ai manifesté un effet secondaire : des éruptions cutanées (visage bouffi le matin et une sorte d’acné sur le visage et dans le dos). Je suis sous lamictal, cet effet secondaire je le connais, il survient en général au début du traitement. Je suis convaincu que cet effet secondaire apparu avec le générique est certainement à une « non bioéquivalence » (dans mon cas le générique aurait une biodisponibilité plus importante que le princeps : c’est comme si j’avais eu un « surdosage » !)

J’ai arrêté le générique et tout est rentré dans l’ordre au bout d’une semaine …

Dorénavant, chez les épileptiques, qui n’adhèrent pas de façon claire aux génériques (ou qui y adhèrent visiblement contraints et forcés : car ils ne peuvent pas faire l’avance des frais), je ne donne pas de génériques.

Cependant, il me reste d’autres cas de conscience :
Donner des génériques à des personnes très âgées et qui les acceptent parce qu’elles n’ont pas toujours les moyens de faire l’avance des frais (faibles revenus) !

Cet article provient de Pharmechange
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