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Oxynitrine

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Posté : 05-01-2015 22:26 icone du post

Selon le site Medscape :

" Paris, France – L’Ordre des pharmaciens conteste certains résultats d’une étude de l’Insee sur l’évolution des officines entre 2000 et 2012 qui soutient, entre autres, que les pharmaciens s’installent en priorité dans des zones économiquement attractives.

Bataille de chiffres et pharmacies fantômes

Le statut et la situation économique des officines sont devenus des sujets explosifs, depuis, entre autres, qu’un rapport de l’Inspection Générale des Finances (IGF) a suggéré de les déréglementer. Le vénérable Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), vient d’en faire les frais, bien malgré lui. Auteur d’une étude sur l’évolution des officines depuis 2000 [1], il vient de s’attirer les foudres de l’Ordre des pharmaciens qui dénonce, dans un communiqué, des contre-vérités, inexactitudes et autres informations erronées [2]. L’Ordre s’insurge, entre autres, contre des approximations statistiques concernant le nombre de pharmacies d’officine actuellement ouvertes en France. L’Insee en dénombre 24 000, quand l’Ordre des pharmaciens compte « 21 939 pharmacies d’officine en métropole, et 628 dans les départements et collectivités d’Outre-mer ». Et l’Ordre de poser cette question ironique : « 1233 pharmacies seraient-elle fantômes ? ».

Zones attractives versus zones désertifiées

Ce n’est pas la seule erreur relevée par l’institution ordinale dans cette étude de l’Insee.

Primo, l’Institut de statistiques affirme que les officines ne peuvent être exploitées que par des pharmaciens, alors que des sociétés d’exercice libéral (SEL) peuvent également le faire. Secundo, les SEL sont devenus le premier mode d’exploitation des officines dès 2009, et non en 2012, comme l’affirme l’Insee.

Tertio, l’Ordre relève que la baisse du nombre de pharmaciens titulaires entre 2010 et 2011, est moins spectaculaire que ce qu’annonce l’Insee, à savoir - 4,1%.

Enfin, et surtout, l’Ordre des pharmaciens s’insurge contre une interprétation de l’Insee, au sujet de l’implantation des jeunes pharmaciens. Faute de pouvoir ouvrir une pharmacie « dans les zones à forte rentabilité », du fait du rationnement des autorisations d’installation, ces derniers préféreraient s’associer à des pharmaciens déjà installés dans ces zones attractives, plutôt que d’ouvrir une officine dans une zone désertifiée. Et Isabelle Adenot, présidente de l’Ordre des pharmaciens d’enfoncer le clou : «Le document de l’Insee peut laisser croire que les jeunes ne peuvent plus s’installer ou donne un ton particulier en rappelant que le secteur est réglementé en insistant fréquemment sur le TRES réglementé. 800 pharmaciens, avec un âge moyen de 29,2 ans, sont devenus titulaires en 2012. »

De fait, malgré ces approximations, le rapport de l’Insee soulève des paradoxes, lesquels laissent entrevoir une situation économique des officines ambivalente.

Un chiffre d’affaires en baisse, mais des officines de plus en plus rentables

Premier constat : depuis 2006, le chiffre d’affaires des officines est au ralenti. Alors que, entre 2000 et 2006, il avait progressé de 5,6% par an, contre 4,2% pour l’ensemble du commerce de détail, il n’est plus que de 1,6% entre 2006 et 2012, contre 1,9% pour l’ensemble du commerce de détail sur la même période. En 2012, la progression du chiffre d’affaires des officines a encore baissé, pour s’établir à +0,1%. Parallèlement, les volumes de vente se sont également tassés, passant de +7,2% entre 2000 et 2006, à +4,2% entre 2006 et 2012. Ces baisses de chiffres d’affaires sont dues aux différentes politiques de maitrise du médicament, mais aussi au développement de la vente de génériques.

Paradoxalement, si le chiffre d’affaires baisse, les marges sont, elles, en hausse. « Le taux de marge commerciale, qui baissait régulièrement depuis 2000, progresse à nouveau à partir de 2006 », relève l’Insee. Le taux de marge commerciale en 2012 est de 27,5%, contre 25,9% en 2006. Quant au taux de marge d’exploitation, indicateur de rentabilité économique des entreprises, il est passé de 47% en 2009 à 52% en 2012, alors que la même année, il est de 27% dans le commerce de détail.

Hausse des ventes de médicaments non remboursables

Autre évolution : si les ventes de médicaments remboursables constituent toujours l’essentiel du chiffre d’affaires des officines, soit 76% en 2012, elles ont tendance à s’affaisser, au profit des médicaments non remboursables : elles ont ainsi perdu 9 points depuis 2000. Les ventes de médicaments non remboursables ont gagné 4 points depuis 2000, pour atteindre 12% des ventes des officines en 2012. « En 2012, les pharmacies détiennent 11 % du marché « hygiène et beauté », contre 6 % en 2006. Ce marché reste largement dominé par les grandes surfaces (54 % contre 58 % en 2006) et les parfumeries (23 % contre 25 % en 2006) », note l’Insee.

Exercice individuel minoritaire

Le mode d’exercice des pharmaciens a considérablement évolué. Ainsi, les officines exploitées en nom propre sont devenues minoritaires, au profit des officines sous régime sociétaire : 49% en individuel, contre 51% en sociétaire. « Depuis 2000, la part des officines sous régime sociétaire (51 %) a gagné près de 27 points, au détriment essentiellement des entrepreneurs individuels (– 30 points). » Parmi les différents régimes sociétaires, ce sont les SEL qui dominent, et représentent désormais 27% de l’ensemble des officines. Enfin, l’Insee relève d’importantes disparités territoriales quant à l‘implantation des officines. Ces dernières sont avant tout implantées, selon l’Insee, là ou le chiffre d’affaires pharmaceutique par habitant est le plus important, à savoir le Limousin, Corse, Paca, Languedoc-Roussillon… A contrario, « les régions moins bien dotées en officines sont souvent celles où le chiffre d’affaires par habitant est plus faible (Alsace, Haute-Normandie, etc.) »… "

Cet article provient de Pharmechange
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